[Visite champenoise]

La demoiselle était arrivée avec tout le groupe.Sa mère et le Chambellan étaient parti de leurs cotés,sans doute pour régler des affaires,et Océade s'était affairée à préparer leur hébergement.

Elle,elle avait opté pour une ballade autour de la demeure,mue par son insatiable curiosité.Elle n'avait pas osé déranger sa soeur,et marchait donc sur le petit domaine,suivie par Alice.Ses yeux bleus s'extasiaient devant la renaissance de la nature que le printemps apportait.
Onaël ne prêtait pas attention a sa nourrice,devalant parfois des pentes herbeuse,le nez au vent,pour mieux profiter de l'air changeant de celui de sa Champagne.

Elle s'arrêta net,sur le haut d'une petite butte,et sourit de toute ses dents en reconnaissant la silhouette de sa soeur,plus bas,qui se dirigeait vers un potager.La demoiselle se tourna vers Alice

Tu peux rentrer au Moulin Alice,je vais retrouver Océade!

La servante ne demanda pas son reste,ravie d'etre soulagé de sa charge quelques heures,et de pouvoir cesser de courir derrière l'impetueuse jeune fille,tout en craignant à chaque pas qu'elle ne chute,se blesse ou esquinte sa toilette.
Les pas se firent plus rapide,dévalant à toute vitesse la pente,alors que ses petits bras s'agitaient pour faire signe à la Dame de Reigny

Océade!Océade!Attends moi!J'arrive!

Arrivée près de sa soeur,elle laissa son élan s'arrêter en un choc brutal dans ses bras.
Ses yeux malicieux plongèrent dans les siens,alors qu'un rire la secoua,consciente du nombre de fois où elle avait manqué de tomber en courant.Elle jeta un rapide coup d'oeil alentour avant de revenir sur Océade,sa main prenant la sienne,et se mettant à parler d'une voix,qui malgré l'essoufflement de la course,n'avait pas perdu en enthousiasme

C'est tres...joli l'Alençon,et...Mortagne plus encore,tu sais! tente de reprendre son souffle,toujours souriante,et les yeux pétillants Tu vas ou?Je peux venir?

La jeune femme avait pris le chemin de son potager quand elle entendit sa jeune soeur l'appeller. Un large sourire naquit sur ses lèvres et bien que vacillante sous la violence de l'arrivée d'Onael, fut toute heureuse de l'avoir à ses cotés. Elle éclata de rire chassant ainsi les pensées un peu mélancoliques qui l'envahissaient.. Sa main se joignit à celle de la jeune fille et elle reprit son souffle avant de lui répondre :

Il est vrai que l'Alençon est fantastique.. Quand à Mortagne, comment dire ? Je crois que j'y ai trouvé un second foyer, un second souffle. C'est si bon d'être entourée de ses amis les plus chers et les plus fidéles. Et puis, cela me rapproche un peu de vous car vois-tu cela raccourci le voyage d'une journée.. Et une journée ce n'est pas rien dit-elle en faisant à clin d'oeil à Onael. Et là j'allais voir mon champ de blé et mon potager.. C'est avec joie que j'accepterais ta compagnie comme ça nous pourrons continuer notre petite discussion entamée dans le carrosse qui nous ramenait à Villemor.

Elle écouta sa soeur, la trouvant déjà bien sage pour son age.. Peut être était ce du à l'absence de son pére, l'éloignement de sa soeur et de sa mére.
Un moment la jeune femme se sentit coupable d'avoir fait ce choix. Pourtant, elle ne le regrettait pas. Elle souffrait quelquefois de l'absence de sa famille adoptive, tout membre compris. Mais elle savait au fond d'elle que ce choix avait été le bon. Rien jusqu'ici ne lui avait fait regretter, bien que parfois elle aurait aimé pouvoir se réfugier dans les bras de Siva..
Un léger soupir puis elle prit la parole :

Aristote est sage. Tu vois c'est ainsi que je fonctionne. J'ai appris, à me dépends, à faire le tri.. L'age, la vie, les épreuves nous y aide. Et puis, pour moi, c'est juste une question de.. comment dire.. de sensations. Si quelquechose passe entre la personne et moi, je sais qu'elle est bonne, comme ça d'instinct..

Elle prit la main de sa petite soeur, la sachant attentive.

Tu sais pour Tristan, je n'ai pas cherché.. C'est passé tout de suite. Au fond de moi je suis sure que c'est quelqu'un de bien, de fidéle et de droit. Je ne sais pas si c'est un interdit de mére qui t'empêche d'aller à sa rencontre. Mais je te conseillerais, pour une fois, de braver cet interdit. D'aller assouvir ta curiosité. Je me trompe peut être mais j'ai l'impression que tu ne l'apprécies guére..

Elle laissa planer un instant de silence, laissant à Onael le temps de lui répondre, et admira le paysage qui les entourait. Sa maison semblait un point dans l'horizon et les collines lui servait d'écrin. Non, elle n'avait pas à regretter son choix. Sa vie était là, assurée de la sincérité des sentiments de ses proches, de tous ses proches. Là, elle se sentait bien, apaisée, loin des souvenirs de son arrivée en Champagne. Le seul regret qu'elle avait c'était de ne pouvoir réunir tout son petit monde auprés d'elle.

La jeune femme étant de chercher comment formuler sa réponse lorsqu'elle entendit Tristan les interpeller. Elle retint de justesse un soupir de soulagement et se tournant vers Onael lui chuchota :

Et bien je crois que le moment est venu que vous fassiez vraiment connaissances tous les deux..

Elle se tourna ensuite vers Tristan, lui souriant et s'inclinant devant lui, par jeu..

Bien sur voyons..Nous étions justement entrain de parler de toi. Tu arrives bien, en fait.

Oceade sentant la pression de la main d'Onael, lui sourit se voulant rassurante. Elle pensa que les paroles qu'elle avait dit à Tristan avait plongé sa jeune soeur dans l'embarras alors que ce n'était pas du tout son intention.. Bien au contraire, Oceade pensait que cela éviterait les éternels silences légérement embarrassant et embarrassés. Pour elle, mieux valait dire clairement les choses plutot que de taire une évidence.
Elle se pencha néanmoins vers sa soeur de coeur et lui chuchota :

Tu sais, Tristan devait bien se douter que nous parlions de lui. Et puis, au moins les choses sont claires dit elle en lui faisant un clin d'oeil.

Les deux jeunes femmes attendirent que Tristan les rejoignent pour reprendre leur petite promenade.